
Hernie discale lombaire
Protusion et extrusion
« J’ai mal au dos depuis plusieurs années et mon médecin vient de me diagnostiquer une protusion discale lombaire après avoir fait une radiographie. Est-ce que vous pouvez faire quelque chose ? »
Bien entendu !
Il y a toujours quelque chose à faire. L’essentiel est de savoir quoi et dans quelle mesure cela peut vous aider. Alors voici un tour d’horizon du problème numéro 1 des maux de dos dans notre société moderne.
Vous souffrez donc d’une protusion discale, soit l’étape située après le bombement et avant l’extrusion. Le disque intervertébral n’a pas encore été perforé par le noyau central du disque fibreux, il ne fait pas encore saillie, mais la pression interne déforme déjà fortement cet amortisseur qu’est le disque. On parle aussi de discopathie. Les nerfs s’échappant de la colonne vertébrale se retrouvent en contact étroit avec le disque, du fait de la protusion. « Ouche ! Ça touche ! » Tandis que l’extrusion ça fait « Mince ! Ça pince ! », pour vulgariser.
Alors quoi faire ?
Les médicaments ne démontrent pas d’effet positif, l’issue chirurgicale n’est pas à envisager à la légère et toute opération chirurgicale peut présenter des résultats mitigés, voire décevants et non sans risques.
Alors quoi faire, bon sang ?
Voici une solution, non exhaustive, mais qui a démontré de bons résultats, Identifier les facteurs d’entretien et apporter les changements nécessaires :
Par exemple, le port de chaussures à talons hauts, le surpoids, la sédentarité, le stress, la posture, l’ergonomie.
Le port de chaussures à talons hauts peut favoriser une discopathie au niveau de la première vertèbre sacrée (S1). Si, sur une courte période le port de ces chaussures peut sembler confortable pour le dos, du fait du relâchement musculaire dorsal provoqué par la cambrure lombaire exagérée, le poids du dos, lui, sera supporté de manière non physiologique par le squelette vertébral, donc les vertèbres, donc les disques, car les muscles auront été mis au repos forcé par la cambrure lombaire. Ce qui provoquera à moyen et long terme des soucis sur la zone lombo sacrée.
Conclusion : Mesdames, évitez les talons hauts ou avec modération ! On vous préfère sans et en bonne santé, qu’avec et le dos cassé.
Le surpoids, quant à lui, et pour des raisons évidentes que tout le monde comprend, fait subir à nos disques une charge provoquant leur usure prématurée. Zut ! Difficile parfois de perdre du poids, mais cela n’empêche pas de renforcer votre corps de manière globale, sans faire une fixation sur la partie abdominale. Pas besoin de plaque de choc. De la marche, de la natation, du vélo, quelques exercices sur le parcours santé de votre région (parcours vita), en douceur et avec plaisir, de manière régulière, font parfaitement l’affaire.
Préférez un renforcement global du corps à un ciblage de la zone abdominale. Pour des raisons de dynamique posturale, ventilatoire et de compression en réseau continu musculosquelettique, il vaut mieux miser sur une répartition harmonieuse du tonus que sur un renforcement d’une seule zone. Une cathédrale devient millénaire grâce à une bonne répartition des contraintes. C’est la même chose pour le corps humain. Bref, ne nous égarons pas et gardons à l’esprit que de bonnes jambes et de bonnes épaules, tout comme un tronc tonique, permettent une répartition optimale d’une charge au niveau des lombaires.
Ce qui nous amène à parler de la sédentarité. « C’est dentaire ! » Dit l’arracheur de dents. « Sédentaire toi-même ! ». La sédentarité est un excellent stimulant de troubles variés et divers. C’est un moyen efficace de lutter contre la bonne santé. Assis dans son salon, dans sa voiture, à son bureau et à table, le sédentaire varie les lieux, mais pas la position. Il aime son fauteuil, il devient son fauteuil. Monsieur et Madame fauteuil prennent soin d’économiser leur énergie. Ils considèrent le mouvement comme un chat considère sa litière sale. Pourtant, nous sommes bien composés de plus de 300 articulations et notre anatomie nous prédispose davantage à des mouvements qu’à maintenir une position fixe. De surcroît, avec du stress.
Et voici venu le diable en personne. La présence du mal du siècle, celui qui ravage notre vitalité en rongeant silencieusement les petites cellules de notre corps, en contractant nos muscles et nous transformant en un amas de chair compacte, rigide, carapacée et indurée. Le stress. Pour lutter contre ses effets délétères, les méthodes du masseur médical sont très bien indiquées. En décontractant le corps, en favorisant le flux liquidien et la bonne qualité des tissus musculaires et conjonctifs, la charge à l’endroit de la discopathie est diminuée. De plus, l’environnement chimique aux alentours du disque intervertébral se modifie pour laisser la place à des hormones antalgiques et antidépresseurs telles que l’endorphine et la sérotonine. En outre, le disque contient une substance chimique acide qui, si elle se répand, peut irriter les nerfs proches. Le drainage manuel du lieu, la dynamisation des liquides et la stimulation du nerf vague grâce à des techniques thérapeutiques manuelles favorisent l’effet antalgique et antiinflammatoire.
Accolé au stress et prêt à faire sa place dans votre quotidien, l'épuisement, et non la fatigue – ce sont deux choses à différencier – peut s'immiscer dans votre vie sans vous en rendre compte. Alourdi par ce lourd compagnon, une véritable soupe inflammatoire peut s'installer dans les interstices de votre corps et stimuler à foison la nociception. Une fois la douleur exacerbée, le cercle vicieux stress-épuisement-douleur-inflammation entame sa ronde frénétique.
L’ergonomie et la posture sont des éléments clés pour un soulagement durable de votre mal de dos dû à une discopathie. Prenez le temps de vous installer en conscience à votre place de travail. L’astuce est de commencer par une position assise bien au fond de votre chaise. Ensuite, régler de bas en haut, de vos pieds à la tête, votre position. Les pieds bien à plat au sol avec les genoux à angle droit et les dessous des cuisses posés sans pression sur votre chaise. Installer si nécessaire un repose-pieds. On arrive à la région lombaire, moment clé de votre installation. Le sacrum et la partie lombaire basse doivent être en appui bien droit pour se reposer totalement. C’est là que se joue le reste de votre installation. La rectitude de cette région, ni creux, ni bombement, doit être confortable, sans effort grâce à un bon appui lombo sacré (dossier lombaire de chaise, linge replié, petit coussin, à tester). Cela vous évitera de vous avachir ou d’être en hyper extension. Après cette étape, adosser le milieu du dos sans trop de poids et régler la hauteur de la chaise et de la table, afin d’avoir les coudes reposés confortablement sur le bureau et les mains à bonnes distance en respectant une ouverture des coudes au maximum de 110 degrés. L’écran doit être légèrement plus bas que la hauteur de vos yeux (environ 5-10 degrés plus bas). Si vous avez deux écrans, pensez à vous installer au centre ou plus en face de celui que vous utilisez le plus.
Concernant les activités non assises, n’oubliez pas de prendre le temps de penser à votre ergonomie et trouver des astuces. Pour aller plus loin, je vous recommande le livre « Plein le dos » d’Olivier Girard, ISBN : 978-2-8289-1793-7 aux éditions Favre. Programmez un minuteur pour éviter de rester assis plus d’une heure non-stop. Étirez-vous, marchez et, si possible, allongez-vous avec les bras au-dessus de votre tête bien reposés au sol, respirez profondément en fermant les yeux, buvez un peu d’eau et replongez dans votre travail. Ainsi, vous serez efficace et durable comme une ampoule LED. L’ergonomie est un sujet important que nous pouvons aborder en consultation au cabinet.
Une nouvelle technologie au service du diagnostic vertébral
Appelée « Dynamic Stereo X-Ray (DSX) », ce système permet de vérifier dynamiquement le mouvement des disques et des vertèbres, contrairement à ce qui se fait aujourd’hui avec une marge d’erreur significative, ce qui conduit à des suites d’opération pas toujours concluantes. La dynamique du mouvement est déterminante pour le choix d’une opération. En attendant que cette technologie trouve sa place dans nos centres d’imagerie, il serait judicieux de ne pas se contenter de deux images, comme pratiqué aujourd’hui, mais de prendre une petite série d’images statiques à différents moments du mouvement et de les comparer. Pour aller plus loin : https://www.seco.admin.ch/seco/fr/home/seco/nsb-news.msg-id-76311.html
On peut parler du dos durant des heures sans en avoir fait tout le tour. Nos émotions jouent également un rôle important dans notre état de santé général et la force de notre colonne vertébrale. Nous avons l’âge de nos artères et la souplesse de notre squelette axiale. Nous sommes un tout, fonctionnel et évolutif, ne pouvant être réduit à un bilan analytique. Le soulagement est un cheminement permanent et individuel. Bonne route !
Thomas Payot