
Hard corps
La fluidité à l'épreuve de l'immobilisme
L’eau est la molécule la plus abondante de notre corps. Elle vaut bien la peine d’en écrire quelques lignes, non ?
Sans eau, pas de vie. Elle est la source de la vie, son élément principal, sa matrice. Je parle d’eau pure, c’est-à-dire de la molécule d’eau composée de deux atomes d’hydrogène et d’un d’oxygène (H2O). Elle est aussi le carburant de la vie, indispensable pour cheminer. Passez 3 jours sans elle et vous ne serez plus capable de tenir debout, si vous n’êtes pas mort avant.
La pluie tombe sur notre bonne vieille Terre comme il est de coutume à cette saison. Les sols se ramollissent, l’air s’humidifie, les branches des arbres s’assouplissent, même le lac est détrempé. L’eau s’infiltre partout, elle dilue les matériaux et exerce son fort pouvoir dissolvant sur tout ce qu’elle touche. Rien ne lui résiste. Éprise de liberté, avec le temps, l’eau arrive à bout de tout ce qui lui offre une opposition et tente de la contenir. Gare à sa force tranquille qui, dès lors qu’elle est contrariée, peut soulever des montagnes ou, à défaut, les faire s’écrouler.
Donc, l’eau draine le terrain et, grâce à son pouvoir dissolvant, emmène toutes les autres molécules, parfois jusqu’à l’érosion des roches et des sols. Elle charrie tout sur son passage. Sous sa forme liquide, elle est dynamique et son comportement moléculaire est varié. L’eau souffre de la stase, de l’immobilisme. L’eau stagnante se charge de lourds éléments, devient inerte et se meurt. L’eau qui nous compose agit de la même manière.
En effet, une fois en nous, l’eau garde cette attitude naturelle dynamique, presque enfantine, qui la pousse à explorer tous les espaces de notre corps, spontanément, sans calcul, en roue libre. Notre prédisposition au mouvement est un don de l’eau. Notre souplesse et notre dynamisme sont ses reflets.
Notre corps, grâce à son métabolisme, est perpétuellement en remodelage. Notre carcasse est un chantier permanent dans lequel destruction, reconstruction, élimination des déchets, transport de nutriments et vigilance immunitaire ne cessent jamais. Afin d’apporter tout le nécessaire à ce travail incessant, l’eau doit rester fluide et permettre un passage aisé en son sein.
Le bébé est composé de presque 80% de flotte, une véritable éponge, tout en souplesse et hyper malléable. Les adultes 65% et les vétérans de cette aventure terrestre à peine 50%. Notre composition en eau est un excellent indicateur de notre âge physiologique. Ce n’est pas notre cerveau, composé à 90% d’eau, qui nous dira le contraire. Même la dent est un peu mouillée.
Le sang, composé à 90% d’eau, transporte tous ses éléments grâce à elle. L’eau s’accroche à toute substance comme les sels, les sucres, les acides aminés dans notre corps, comme elle s’accroche à toute substance dans les sols. L’eau peut ainsi véhiculer efficacement ou pas les éléments qui nous constituent.
« Be water, my friend ! »
La stase liquidienne (l’arrêt de la fluidité) amoncelle des éléments lourds, diminue notre énergie et pèse sur nos mouvements. Tout se ralenti. La roue libre arrête de tourner. La spontanéité et la curiosité naturelle enfantine de l’eau fait place à l’immobilisme. Cet état figé de l’eau influence notre dynamisme. Nos gestes requièrent plus de calcul et de planification. Le caractère intrépide du jeune devient la prudence de la personne âgée. Avec le temps, l’inertie s’installe progressivement en même temps que la sénescence s’empare de notre personne au fur et à mesure que notre composition en eau diminue. Le fluide devient dur sous l’effet thixotrope (modification de l’état liquide en solide et vice versa). Idem en cas de maladie ou d’accident pour le lymphoedème, le phléboedème et les jambes variqueuses. L’immobilisme de l’eau nous ralenti et nous pèse. Nous partageons avec elle son caractère et son état. Nous sommes l’eau qui est en nous.
Bruce Lee, un grand philosophe hongkongais, disait : « Be water, my friend ! » en expliquant à un journaliste comment être rapide, fort et fluide dans nos mouvements. Il décrivait l’apparence informe de l’eau et la capacité de cet élément qui compose deux tiers de notre corps à devenir de manière instantanée ce qui le contenait. L’eau dans une tasse prend la forme de la tasse en épousant les contours du récipient et pourtant le liquide reste fluide. À contrario, l’eau peut également opposer une forte résistance selon l’énergie qu’elle contient, comme celle contenue dans les vagues. En devenant de l’eau, maître Lee nous invitait à être fluide, rapide et fort.
Passerions-nous à côté d’un élément déterminant pour notre santé ?
Pourquoi ne pas évaluer la présence de l’eau dans le corps de manière ciblée (organes, muscles, peau, cellules, …) comme on le fait dans l’industrie technique et agroalimentaire à l’aide d’échantillons ?
Une bonne répartition de « notre eau » dans le corps, qui, je le rappelle, est un bon indicateur de l’âge physiologique, est stimulée par une vie saine, active et créative – n’oublions pas la santé mentale – et sa présence vertueuse dans chacune des cellules est facilitée grâce à un bon équilibre physiologique. Certains organes ou tissus sont plus faibles que d’autres et le volume d’eau dans le sang ne reflète pas nécessairement la teneur en eau dans tel ou tel organe.
Le dynamisme de « notre eau » est le garant de notre jouvence et inversement. Notre caractère curieux, spontané, libre et créatif favorise son comportement naturel dynamique et enfantin. N’oublions pas que la composition corporelle en eau diminue avec le temps, c’est irrémédiable, mais peut-être pouvons-nous accompagner notre dessiccation (forte déshydratation) physiologique de manière plus adéquate pour que la pente descendante soit douce ?
Pour dynamiser « notre eau » et lui rendre son caractère enfantin, le drainage manuel, les manipulations du tissu conjonctif (fascia), des muscles, ainsi que les techniques dynamogéniques (qui accroît l’activité, le dynamisme), vasodynamiques (qui agit sur la constriction et la dilatation des vaisseaux sanguins) et thermodynamiques (qui agit sur la régulation de la température corporel) du masseur médical sont très bien indiqués. Que la cause du ralentissement de l’écoulement aquatique soit la sénescence, une maladie ou tout autre accident, Il est encore possible de dynamiser « notre eau » et favoriser la fluidité au détriment de la stase, de la dureté.
Veines variqueuses et télengiectasies, avant et après dynamisation du flux liquidien.
Photos publiées avec l'acceptation de mon patient




Y a-t-il une bonne et une mauvaise molécule d’eau ?
Quel est la qualité de « notre eau » ? Je ne parle pas d’un « bilan hydratation » pour savoir si nous buvons assez, mais d’une véritable évaluation de la qualité de « notre eau » simplement pour savoir si l’élément principal de notre existence est sain ou pas. Alors, c’est vrai, je vous entends derrière votre petit écran, l’eau est renouvelée régulièrement – nous éliminons en moyenne 2,5 litres par jour – mais les éléments figurés du sang (globules rouges, blancs et plaquettes) et son plasma (protéines, sels, lipides, hormones) le sont également et pourtant nous les utilisons comme indicateurs biologiques fiables.
D’où l’intérêt, peut-être, de mesurer sa qualité ? – oui, je sais j’insiste. Je parlais, dans l’encadré plus haut dans le texte, des secrets de l’eau. Vous me direz, l’eau c’est de l’eau, point barre. Et ben non. L’eau a un comportement moléculaire varié à l’état liquide et les avancées technologiques permettent aujourd’hui de découvrir les interactions dynamiques et multiformes qui réunit les molécules H2O et leur charge vibratoire. Pour les plus scientifiques d'entre-nous cf. https://actu.epfl.ch/news/une-nouvelle-spectroscopie-revele-les-secrets-qu-2/
Finalement, chaque molécule d’eau n’est peut-être pas si identique à sa voisine ou, du moins, nos corps n’ont pas forcément les mêmes capacités à utiliser les molécules d’eau. Peut-être que les prochains traitements pour certains troubles consisteront à créer de bonnes et saines molécules d’eau et de les injecter, en suffisance et de manière ciblée, afin de drainer nos cellules et nos tissus efficacement et d’apporter les éléments essentiels à notre santé dans tous les coins et recoins de notre organisme.
À cela, et pour finir, certains chercheurs réputés et autres prix Nobel de médecine et de chimie ont exprimé la possibilité que l’eau renferme en son sein une mémoire et que des champs électromagnétiques modifient ses propriétés déjà fascinantes. Je ne m’égarerai pas sur ce chemin presque tabou et plein de controverses, mais garde l’espoir que de belles découvertes concernant cet élément merveilleux puissent apporter du soulagement à tous ceux qui on en besoin.
En attendant, prenons soin de l’eau comme elle a toujours pris soin de nous et laissons-la suivre son cours.
Thomas Payot